L’Avent: être plus proche
Il y a quelques semaines nous avons entendu un passage très beau de l’Apocalypse : « Moi, Jean, j’ai vu… et voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues… » C’était la fête de la Toussaint, qui nous donne déjà un avant-goût de Noël.
Le plus important pour la période de l’Avent c’est de se rappeler que nous ne sommes pas seuls. Un jour nous verrons Dieu, et cela est une promesse divine, parce que nous n’avons aucune expérience de la vision béatifique, mais c’est le cœur de notre espérance, de notre foi, de notre amour de chrétiens.
Le monde s’intéresse aux choses « sûres », et donc l’Avent peut lui sembler un peu ennuyeux. C’est un temps d’attente, alors qu’il aime les choses immédiates. C’est un temps d’espérance : et le monde aime savoir à quoi s’attendre. Au contraire, nous, en tant que chrétiens, nous savons que l’espérance doit être pure, autrement dit on n’attend pas une feuille de route pour savoir ce qui va arriver. Nous attendons dans l’espérance et dans la foi, un grand cadeau de lumière, un grand cadeau de joie et de paix.
Notre Dieu se donne à nous dans chaque Eucharistie en renouvelant le mystère de l’Avent (la Promesse), le mystère de Noël (la Présence réelle) et le mystère de la Résurrection (un jour je verrai Dieu face à face). Accepter cela est un acte d’amour.
Dans le monde d’aujourd’hui, les distractions sont si prenantes, nous ne distinguons plus ce qui est vrai, ce qui est bon, ce qui est réel ! Les réseaux sociaux nous servent à mesurer la popularité que nous avons chez les autres. Certains donnent énormément d’importance à leur profil Facebook ! C’est comme si tout se passait là.
Mais, je vous le demande réellement, qu’est-ce qu’un « post » vous dit de ce que quelqu’un ressent pour vous ? Qu’est-ce qu’un commentaire dit sur la préférence qu’un « ami » a pour vous? Cela ne vous dit RIEN.
Vous pouvez rester positif : « mais c’est bien, on peut communiquer même si je suis aux États Unis et qu’il est en France ». Et c’est juste, c’est un outil pour rester proche. Mais quand l’intromission dans la vie de l’autre devient le premier geste,chaque matin… vous ne pouvez plus être proche, vous mettez entre vous et votre ami(e) une distance, une interprétation. Et même si vous pensez « c’est normal, tout le monde passe par là », je vous assure, vous vous trompez radicalement !
Être proche – et c’est ce que l’Avent nous apprend -peut aussi demander le respect de l’espace de l’autre. Être proche réclame même cette liberté de vivre nos propres expériences et de les partager réellement avec quelqu’un. Je ne sais pas si cela vous est déjà arrivé, mais souvent, quand vous êtes en train de vivre une expérience qui vous comble, vous n’avez aucun intérêt à le « partager en ligne ». C’est absurde.
La proximité en amour comme en amitié, réclame la présence. Mais attention ! Pas n’importe quelle présence. La présence réelle, la présence qualitative, la présence où je laisse parler l’autre, où je ne cherche à rien prouver, où je peux même m’endormir et être dans la paix.
Alors, ayez le courage de partager du temps avec vos amis. Un temps qui ne soit pas teinté par les « social média », mais par une parole, une visite, une rencontre.
Aimer quelqu’un, être proche, demande une qualité originale, vous seul pouvez découvrir comment aimer vos amis. Ne vous posez pas de questions, allez-y ! Soyez créatifs, ne suivez pas une mode !
Un philosophe disait que l’amour de l’ami nous conduit de façon naturelle à la découverte de l’existence de Dieu. Ce merveilleux itinéraire est unique pour chacun. Pour certains d’entre vous ce sera l’amour exclusif, le choix. Pour d’autres, ce sera une voie qui vous ouvre le cœur pour aller un peu plus loin à chaque pas.
Mais c’est cela le véritable sens de l’Avent… chaque jour on est plus près.
Soyez proches ! C’est cela le sens des paroles de Jésus avant d’aller vers le Père : « aimez-vous les uns les autres ».
Père Patryk