Premier dimanche de carême : lutter contre le mensonge


Lutter contre le mensonge 

Lutter contre le mensonge

Les textes de ce premier dimanche de carême insistent sur le mensonge:

Dans la première lecture le serpent ment pour mettre au point une rivalité entre l’humanité et Dieu ; le diable au désert ment à Jésus pour essayer de le détourner de sa vocation de fils unique du Père.
Faisons un bref stop en méditant ces textes qui nous sont proposées afin de découvrir comment le mensonge continue de parcourir nos vies aujourd’hui.
Le premier mensonge commence dès l’origine, le serpent qui est très rusé sait bien qu’il suffit de modifier légèrement une parole pour lui donner carrément un autre sens. Aussi, au lieu de rappeler fidèlement les mots mêmes de Dieu : « Tu pourras manger de tout arbre du jardin, mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais car, du jour où tu en mangeras, tu devras mourir », il les transforme imperceptiblement : « Alors, Dieu vous a vraiment dit : ‘Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin’ ? » L’interdit sur un arbre n’est pas l’interdit sur tous les arbres. Cet interdit fonde au contraire la relation au monde et aux autres en posant une limite salutaire, ce qui fonde la parole, le dialogue, la communion entre les deux en respectant une certaine distance. Lorsque cet interdit est transgressé, il y a effectivement des morts sur le plan physiques, psychologiques ou spirituelles. C’est là le vrai sens de l’avertissement divin : « si vous mangez de ce fruit-là vous mourrez. » Non pas par suite d’un quelconque châtiment divin, mais par conséquence de votre fraudeuse relations. L’interdit de Dieu au jardin d’Éden était une mise en garde d’un amour paternel: attention, ce fruit est mortel, n’y touchez pas ! Le serpent transforme cet interdit salutaire en censure générale : aucun fruit ! Et il sous-entend que Dieu ferait périr les transgresseurs, alors que l’homme par son choix devient son propre juge. C’est-à-dire porteur du fruit de mort.
Le deuxième mensonge nous vient d’Ève, innocente semble-t-il selon le texte de ce jour. Troublée et déstabilisée par les insinuations du serpent, elle défend Dieu en rappelant qu’un seul arbre est interdit, mais elle se trompe d’arbre : « pour le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : ‘Vous n’en mangerez pas » ». Or l’arbre interdit n’était pas celui-ci ! Au milieu du jardin est l’arbre de la vie, alors que Dieu désigne l’arbre de la connaissance du bien et du mal comme mortel. Non seulement la vie n’est pas interdite comme le dit Ève, mais elle est abondamment disponible et offerte au milieu de ce jardin. Par contre, connaître le bien et le mal, décider à la place de Dieu ce qui est bien et ce qui est mal, voilà qui est suicidaire et dont nous devons nous abstenir sous peine de nous faire périr nous-mêmes. Le serpent exploite à fond cette confusion d’Ève : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal ». Ce mensonge est ici proprement diabolique, puisque le but est participer à la vie divine, mais le chemin pour y arriver est mensonge ‘prendre au lieu de recevoir, rivalité mimétique au lieu de communion gracieuse’. Notons que ce n’est pas la connaissance en général qui est interdite, mais la connaissance du bien et du mal. Nous sommes les acteurs de la connaissance, mais pas les auteurs de la délimitation entre bien et mal.
« Leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils surent qu’ils étaient nus. Ayant cousu des feuilles de figuier, ils s’en firent des pagnes » (Gn 3,7). La conséquence de ce double mensonge partagé avec Adam sera l’obligation de se dissimuler sans cesse ils sont maintenant dans l’impossible d’être désormais nu l’un devant l’autre en toute vérité, car le mensonge est venu s’insérer dans le regard, en y introduisant la convoitise, la rivalité, l’envie de prendre, de procéder l’autre comme une chose et la violence qui l’accompagne
Dans l’Evangile, le diable fait recourt à la même ruse de mensonge que le serpent va utiliser pour Eve. Par trois fois de suite il s’appuyer sur la dignité de Fils de Dieu, en utilisant la Sainte Écriture sur la gloire de Dieu pour leur faire dire l’inverse de l’ intention originelle. Le diable fait mentir l’Écriture comme le serpent a fait mentir Ève en suggérant à Jésus les convoitises :
• de l’avoir ‘nourriture’ « si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains »,
• du pouvoir « si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre »,
• de la gloire « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi »).
Par trois fois Jésus va lutter contre ses tentations et va lever ce masque de cet usage malhonnête de la parole de Dieu en lui faisant dire ce qu’elle est réellement : la faim spirituelle est plus fondamentale que la faim physique. Le pouvoir est pour guérir et sauver les faibles et non pour un intérêt égoïste. La gloire est donnée par Dieu et non conquise par l’homme se prosternant devant des idoles.
La méditation de ce dimanche nous invite à discerner les mensonges qui irriguent actuellement notre vie personnelle et communautaire.
Dans nos vies, le mensonge est à l’œuvre Nous nous y sommes tellement habitués qu’il faut un impact extérieur pour en prendre conscience. Dans la majorité des cas nous ne le considérons même plus comme un manque c’est-à-dire un péché. Les insinuations du serpent de peuvent prendre tant de visages. Les déformations de la vérité par le diable à Jésus au désert peuvent nous paraître si appétissantes.
Durant cette semaine, jour après jour, demandant à Jésus de nous aider à savoir lutter contre le mensonge aussi petit et insignifiant qu’il soit. Le contraire de la vérité n’est pas l’erreur, mais le mensonge, proprement diabolique au sens où il divise les humains entre eux et avec Dieu.
Ayons aussi conscience qu’il est très difficile de résister aux mensonges sans se faire aider. Dieu nous a donné plusieurs moyens dans notre famille qui est l’Église : lecture assidue de la Parole de Dieu et de la vie des Saint, accompagnement spirituel, de vrais amis qui osent vous dire les choses sans respect humain, la confession…
Nous voici dans cette retraite qui dure 40 jours, une marche vers Pâques on ne peut vaincre le mensonge sans croix ; sans difficultés. Revoyons notre vie et relisons tranquillement les grandes convictions qui animent notre vie : dans quel lieu le mensonge peut il se nicher, consciemment ou pas ? Qui pourrait m’aider à y voir plus clair ? Ai-je pris la résolution de lutter contre le mensonge dans ces différents onglets de ma vie ?

Sœur Gladys cmes